Thèse
Je suis quelqu’un qui aime désespérément la chaleur, la lumière et le soleil. Si la canicule ne me pose aucun problème, en échange la pluie, le vent, le froid, le gel, les nuages, la neige, m’exaspèrent. Je rêve éternellement du sud « où la misère est moins pénible au soleil », de l’été éternel, de plages bordés de palmiers. Vous allez me dire, eh ben, en Ile de France tu es mal barré mon ami. C’est exact : je suis mal barré. Je vis dans un pays où il pleut une bonne partie de l’année, où il ne fait beau que 2 mois sur 12.
DEFINITION : « J’appelle du beau temps les conditions météorologiques qui me permettent de sortir en T-shirt ou en (bras de) chemise. »
En cette année 2007, même les pauvres 2 mois par an où il fait beau en France ont été mises à mal par un temps de « beau novembre ». Maintenant qu’on est à mi-août, j’ai eu plusieurs fois l’impression que, logiquement, c’est un « beau début de décembre » qui s’installe.
Je rêve du réchauffement climatique, de quarante degrés à l’ombre, de cocotiers au bord de la Francilienne, de chameaux dans la Camargue et de ClubsMed tout au long de la Seine (exit Paris-Plage), de vahinés qui guident les touristes ricains en pèlerinage sur les plages de normandie et les japonais venus voir la France (c'est-à-dire, Paris – ou, plus précisément, Notre Dame, la Joconde et la Tour Eiffel). Hélas.
La France est non seulement un pays humide comme un mouchoir de Missmonde fraîchement couronnée, mais un pays où (et ceci m ’exaspère encore plus) les gens aiment la pluie et le mauvais temps. Dès que le mercure monte au-dessus des 25°, les gens s’évanouissent dans la rue ou s’arrachent les vêtements. S’il pleut, « c’est bien, un peu de pluie ça fait du bien » car « il en faut pour les récoltes ». Trois jours de soleil, c’est la sécheresse. A Chypre, il pleut deux semaines par an, et tout est pourtant bien vert ; je me demande comment qu’ils font.
En plus. En plus, en tant qu’originaire de Roumanie, j’ai droit une fois par semaine à l’appellation d’origine contrôlée « l’homme venu du froid ». S’ils entendaient ça, à Bucarest… A Bucarest où depuis des années il fait 35-40-45 degrés en juin-juillet-août et pas une goutte de pluie. Mais les clichées sont des clichées, et les roumains viennent de l’est donc d’à-côté de la Russie (en fait c’est à côté de l’Ucraine mais bon… c’est de l’ex-URSS, c’est le même truc) et comme la Russie contient la Sibérie, en Roumanie il fait froid, très froid, y’en a des blocs et de chiens errants et des ours errants (cela est vrai, au moins, mais ils ne me croiront jamais) et de gens qui font la queue avec de gros chapeaux de fourrure sur la tête.
Tout à fait. Et la France c’est le camembert qui pue. El la pluie qui plue, pardon, qui tombe. Et depuis que j’ai commencé ce texte, j’ai eu droit à encore une averse.
Antithèse (mail anonyme)
Cher ami,
C’est du m’importe quoi ce que vous dites. Les français aiment le beau temps, comme tout le monde. Cependant, il faut de la pluie. Puis, si la pluie en France vous exaspère, qu’auriez-vous fait à Londres ou en Suède. Et puisque vous aimez tant la sécheresse, vous n’allez qu’à retourner dans votre pays ou émigrer au Sahara. Personne ne vous oblige à rester en France.
Synthèse (ma réponse)
Cher correspondant,
Merci de votre contribution. Je corrige le tir de mes propos : les français aiment le beau temps. A condition qu’il ne dure longtemps et qu’il fasse 25,00° au soleil et 18,00° à l’ombre et 760mm col Hg de pression atmosphérique, que l’alizé souffle tout doucement et qu’une fine pluie argentée effleure les pétales des lys une foi toutes les trois heures, pendant dix minutes – et ceci, quelle que soit la saison.
Au sujet de Londres et de la Suède, ce sont pour moi des pais imaginaires, car invivables. Point barre. C’est comme l’Islande et autres Alaskas.
Oui, je sais ce que c’est le froid, en Roumanie les hivers étaient jadis rudes. Mais il y a tout simplement de gens qui ne s’habituent jamais au froid (tout comme d’autres ne supportent pas la chaleur, ou la télérealité, ou le steak tartare…)
Quant à votre invitation de quitter le territoire de la France, que nenni. J’aime trop ses vins, ses fromages, sa culture. De plus, en tant qu’employé de la Perception, il faut que je vous fasse payer vos impôts pour transformer vos revenus privés en argent public qui sera dépensé dans l’intérêt de tous et donc du votre, mon cher ami.
En contrepartie, si l’effet de serre refuse toujours de s’installer en (Ile-de-)France, j’envisage sérieusement de demander une mutation en Martinique, dans les années qui suivent. Mais je garde l’espoir. Qui sait… peut-être je ne pollue pas encore assez pour permettre au réchauffement climatique d’arriver chez nous. Il faudrait que j’arrête de trier mes déchets ménagers, et que je roule un peu plus en voiture… |